Valorisation du métier d’enseignant : l’échec du Québec ?
- Le Polémique
- 1 oct. 2023
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Par Julianne Bilodeau
Le samedi 23 septembre dernier se déroulait à Montréal la manifestation du front commun pour l’amélioration des conditions de travail dans les services publics. Dans les rues, des milliers de travailleurs chantaient au rythme de leurs frustrations. Parmi eux se trouvaient de nombreux enseignants ainsi que du personnel de soutien, fatigués de devoir se battre pour une meilleure qualité de vie et de meilleures conditions de travail depuis plusieurs années déjà.
Sujet à plusieurs débats dans l’espace publique, la condition enseignante subit de nombreuses embûches qui ne semblent pas prêtes d’être résolues. Comme nous le démontre l’une des recherches effectuées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) en août 2018, la charge de travail imposée aux enseignants, le ratio élèves / enseignants, les heures travaillées hors école non-rémunérées, le manque de soutien, etc. fait en sorte qu’il existe un taux élevé d’abandon chez les nouveaux enseignants et de décrochage chez les étudiants au baccalauréat. De plus, même chez les enseignants ayant un poste à temps plein, les questionnements liés à la démission et la réorientation de carrière sont choses fréquentes.
Tout cela démontre clairement que le métier doit être revalorisé par nos dirigeants et à travers la société pour en assurer sa pérennité. Cela ne semble pourtant pas être un facteur pressant au gouvernement provincial. Les ministres de l’éducation qui se sont succédés dans les dernières années sous l’administration Legault, semblent à mon humble avis, déconnectés de la réalité sur le terrain. De plus, le gouvernement semble distribuer les priorités dans le secteur de l’éducation de manière éparpillée.
Par exemple, bien que l’on ne se concentre pas ici sur la question de la laïcité de l’État québécois, l’adoption en 2019 de la Loi 21, qui interdit à certaines personnes en situation d’autorité, comme les enseignants et personnel de soutien, de porter un signe religieux, a certainement posé une embûche et restreint l’accès à la profession pour plusieurs personnes pour qui le port de signe religieux est essentiel. De plus, l’adoption à l’Assemblée nationale de la Loi 24 qui propose une augmentation de 30 000$ sur le salaire des députés élus, représente selon moi une insulte aux milliers d’enseignants, au personnel de soutien et tous autres travailleurs du secteur publique qui réclament depuis des années un meilleur salaire et des conditions de travail acceptables.
Il devient donc impératif qu’un changement s’opère afin de stabiliser non seulement le système d’éducation québécois mais aussi pour assurer une meilleure qualité de vie aux enseignants et au personnel de soutien dans nos écoles. L’éducation est un facteur essentiel pour le développement de la nation et les enseignants en sont le principal vecteur. Ce sont eux qui forment enfants comme adolescents à devenir des citoyens responsables voir même les leaders de demain et il est grand temps de le reconnaître.
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