Par Roxanne Corriveau
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Crédit photo : Jean Goupil, archives La Presse
Depuis l’arrivée de Paul St-Pierre Plamondon au Parti Québécois, le mouvement souverainiste, que plusieurs croyaient écrasé, a repris de l’ampleur. De même, avec la Coalition Avenir Québec au pouvoir, la scène politique québécoise est animée par de nombreuses questions nationalistes. Il semble donc pertinent, à la lumière de ces éléments nationalistes, voire souverainistes, de se questionner sur l’influence des enjeux provinciaux sur la politique fédérale. Cette question est complexe en raison des divers facteurs qui influencent la politique. Toutefois, je propose d’examiner le passé afin de dégager certaines grandes tendances. Pour ce faire, voici quelques moments clés où les enjeux provinciaux du Québec ont influencé l’histoire fédérale.
Les élections fédérales avant le Bloc Québécois
D’abord, si aujourd’hui les Québécois les plus nationalistes peuvent compter sur le Bloc Québécois pour représenter leurs intérêts, il faut savoir qu’ils n’ont pas toujours eu cette option. Les grands partis qui se sont partagés la majorité des sièges au Québec ont toujours été le Parti conservateur et le Parti libéral. Une interaction majeure à noter est le rejet du Parti libéral en 1984. En raison du rapatriement de la Constitution effectué sans le consentement du Québec, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau a été sanctionné par l’électorat québécois. L’espoir reposait alors sur le chef du Parti conservateur, Brian Mulroney, qui avait promis de meilleures conditions.
Arrivée du Bloc Québécois
Créé en 1991 à la suite de l’échec de l’Accord du lac Meech, le Bloc Québécois se donne pour mission de défendre les intérêts du Québec. Les élections de 1993 ont particulièrement attiré l’attention des chercheurs en sciences politiques en raison de l’apparition du Bloc Québécois sur la scène fédérale. L’enjeu qui les préoccupait était de comprendre le profil des électeurs du BQ. Selon les études, le parti a bénéficié d’un appui important des souverainistes (40 % du vote québécois), mais aussi des nationalistes non souverainistes. Que ce soit par insatisfaction envers les options traditionnelles, pour des raisons économiques ou en raison de la popularité du chef de l’époque, Lucien Bouchard, l’appui au Bloc est passé de 40 % à 50 % du vote québécois. Cet appui a permis au BQ de devenir l’opposition officielle.
La vague orange
Bien que le Bloc Québécois ait été à son apogée en termes de poids politique en 1993, le déclin de la question souverainiste au début des années 2000 a eu des répercussions majeures sur le parti. En raison de préoccupations économiques et sociales, c’est le NPD qui a remporté la majorité des sièges au Québec en 2011. Avec l’enjeu souverainiste devenu moins prioritaire, les Québécois ont privilégié un parti proposant des solutions plus proches de leur réalité. Toutefois, cette dynamique n’a pas duré bien longtemps, puisque le NPD a depuis perdu presque l’entièreté de ses sièges au Québec.
Le Bloc, plus qu’une option pour les souverainistes ?
L’histoire électorale du Québec illustre l’influence significative du mouvement souverainiste sur la politique fédérale canadienne. Lorsque la question de la souveraineté est au premier plan, l’appui au Bloc Québécois progresse, tandis que son recul favorise une diversification du vote québécois vers d’autres partis. Cependant, la stabilité actuelle du Bloc, malgré un contexte où la souveraineté n’est plus un enjeu aussi dominant, suggère que sa pertinence dépasse le seul cadre indépendantiste.
Ainsi, l’évolution du nationalisme québécois continue de structurer les dynamiques électorales fédérales. Bien que ces interactions ne soient pas toujours directes, elles soulignent l’importance d’intégrer la dimension québécoise dans toute analyse de la politique canadienne.
Sources :
Blais, André, Nevitte, Neil, Gidengil, Elisabeth, Brady, Henry et Johnston, Richard « L’élection fédérale de 1993 : le comportement électoral des Québécois ». Revue québécoise de science politique no 27 (1995) : 15–49. https://doi.org/10.7202/040369ar
Lamoureux, A. (2012). Impasse historique, vague orange et nouvelle ère Mulcair : le Nouveau Parti démocratique et l’épreuve du Québec. Bulletin d'histoire politique, 21(1), 207–253. https://doi.org/10.7202/1011708ar