Un bref retour sur l’Histoire : Israël et la Palestine (1947-2023)
- Le Polémique
- 31 oct. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 nov. 2023
Par Clara MANG
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le monde entier s’exprime. Que ce soit sur les médias sociaux, les médias traditionnels ou dans nos propres groupes d’amis, il est parfois difficile de réellement comprendre ce qu’il se passe dans la région. Il est alors intéressant et je pense important de connaître l’histoire qui entoure ce conflit, qui dure depuis au moins 1948. Connaître et comprendre le passé est essentiel pour comprendre le présent. Cet article n’est qu’un bref survol de l’histoire, rapportant les éléments-clés qui permettent de comprendre le conflit.
Une brève remise en contexte de la création de l’Etat d’Israël
La Shoah désigne le génocide juif commis par le Régime Nazi au cours du XXème siècle. À la fin de la
Seconde Guerre Mondiale, on recensait six millions de Juifs tués par le Régime Nazis à travers l’Europe. Ces atrocités ont alarmé et accéléré la création d’un Etat pour le peuple juif. La Palestine,
ancien territoire de l’Empire Ottoman, sous mandat britannique depuis la fin de la Première Guerre
mondiale, est choisie comme endroit de création de cet Etat. Cette région proche de Jerusalem est occupée par une population juive et arabe muslmane. Au sein de l’ONU, deux plans de partage de la Palestine sont discutés : créer un seul Etat unitaire, avec une coexistence interétatique entre les Juifs et les Arabes ou partager la Palestine en deux, avec un Etat pour les Juifs et un Etat pour les Arabes. C’est le deuxième plan de partage qui est adopté le 29 novembre 1947 : l’Etat pour les Juifs obtient 55% du territoire et l’Etat pour les Arabes est composé de 45% du territoire. La ville de Jérusalem est sous « mandat international ». Ce plan de partage est cependant rejeté par la majorité des pays arabes. Ainsi, le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame unilatéralement l’Etat d’Israël.
1948-1995, entre guerres et processus de paix
Dès la proclamation de l’Etat d’Israël, une première guerre éclate entre Israël et les pays arabes
voisins. Israël remporte la guerre et étend son territoire : passant de 55% à 78% du territoire partagé. On parle de la “Nakba”, pour désigner le déplacement forcé des populations arabes des territoires conquis par Israël. Les États arabes voisins tels que l’Égypte, qui est la puissance régionale, refusent de reconnaître l’Etat d’Israël. Leur objectif commun est clair : détruire Israël. En 1956, une nouvelle guerre éclate, c’est la Guerre de Suez. Elle débute après la nationalisation du Canal de Suez par Nasser, le président égyptien ; l’Etat d’Israël, soutenu par la France et la Grande Bretagne qui condamnent l’action égyptienne, déclare la guerre à son voisin. La Guerre se finit sur la victoire de l’Égypte. Une décennie plus tard, la troisième guerre israélo-arabe est déclarée. La Guerre des Six Jours de 1967 est une guerre-éclair, débutée par Israël qui disait se sentir encerclée et menacée par ses voisins arabes. Il a vaincu ses ennemis et conquis la Bande de Gaza (territoire palestinien), la Cisjordanie, le Golan (Syrie), le Sinaï (Egypte) ainsi que Jérusalem Est. Plus tard, l’alliance entre Washington et Tel Aviv devient forte, notamment après la rupture entre Israël et la France, qui condamne l’offensive débutée par ce dernier. S'en suit, la Guerre du Kippour de 1973, débutée par les États arabes qui tentent de récupérer leurs territoires conquis par Israël. La guerre se termine sur une note pacifique : l’Égypte reconnaît l’existence de l’Etat d’Israël à condition de regagner son territoire conquis par Israël, le Sinaï. C’est les Accords de Camp David de 1978, par l’intermédiaire des États-Unis.
Du côté palestinien, des mouvements de révolte se créés, soutenus par l’OLP (l’Organisation pour la
Libération de la Palestine). Pour faire simple, l’OLP est une organisation politique créée en 1967 en
réponse à la Guerre des Six Jours. Elle est dirigée par Yasser Arafat dès 1969 qui devient une autorité
en Palestine. Ces mouvements de révolte souvent menés par les Jeunes palestiniens, sont appelés
“Intifada” Il y en a eu plusieurs, mais la première a débuté en 1987.
Un événement va cependant changer les relations entre Israël et la Palestine : c’est la Guerre du
Golfe, de 1990 à 1991, qui débute par l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, le dirigeant de
l’Irak. En effet, Les États arabes, qui condamnent l’invasion, proposent un compromis aux Etats-Unis : ils s’allient contre l’invasion irakienne à condition que les américains s’occupent de régler le conflit
israélo-palestinien. Cette promesse est tenue : un processus de paix est engagé entre Israël et la
Palestine, sous la médiation américaine. Ainsi, Israël doit rendre le pourcentage du partage conquis
de 1967 (et non de 1948) à la Palestine, en échange d’une reconnaissance de l’Etat d’Israël par la
Palestine.
Le 13 septembre 1993, les Accords d’Oslo sont signés. Il y a une amélioration des relations israélo-
palestiniennes, ce qui est notable, considérant les années de conflit entre les deux. Cependant, cette
période de paix est interrompue. En 1995, l’assassinat du président israélien Yitzhak Rabin par un
extrémiste religieux israélien fait dérailler le processus de paix engagé deux ans plus tôt. Les projets
diplomatiques qui suivent, tels que Camp David II, de 2000, est un échec.
Une paix empêchée : la radicalisation de l’Etat d’Israël et la fragmentation de la Palestine
Depuis les années 2000, le processus de paix a complètement été mis sur pause. On assiste, au
contraire, à une reprise d’épisodes conflictuels et violents. D’abord, en septembre 2000, la visite du
premier ministre israélien, Ariel Sharon, à l’Esplanade des Mosquées, provoque la reprise de
l’Intifada. Ariel Sharon est hostile aux négociations avec les Palestiniens. De l’autre bord, en
Palestine, «une organisation islamiste, nationaliste, politique et armée de défense de la Palestine»
(Les Echos 2023) appelée Hamas, aussi hostile aux accords et négociations avec Israël, voit son
influence croitre dans la région. Les attentats revendiqués par le Hamas reprennent. Ce groupe a
pour objectif « la destruction d’Israël, le rétablissement des frontières du territoire palestinien du
plan de partage de 1947 et la mise en place d’un pouvoir religieux islamique » (Les Echos 2023).
En 2004, Mahmoud Abbas, chef du Fatah (parti politique descendant de l’OLP) prend le pouvoir, après la mort de Yasser Arafat. Mahmoud Abbas est favorable à une reprise des négociations avec Israël. Pourtant, à la fin de son mandat, se faire réélire s’avère difficile. Le Hamas remporte les élections législatives de 2006 contre le Fatah. Il prend le pouvoir, par la force, dans la bande de Gaza en 2007. On parle alors « des Territoires Palestiniens », du fait des deux entités politiques qui dirigent la Palestine : la Bande de Gaza dirigée par le Hamas et la Cisjordanie dirigée par le Fatah. La Palestine est fragmentée.
En Israël, le meurtre de Yitzhak Rabin par un extrémiste religieux résulte de l’ascension d’une
idéologie appelée le « sionisme religieux ». Cette idéologie extrémiste vise la reconquête des
territoires qui reconstitueraient la « Grande Israël », la « Patrie ancestrale ». Ce sionisme religieux est normalisé au sein de la société israélienne et est présent dans l’appareil de l’Etat israélien. Le premier ministre actuel Benjamin Netanyahou et son gouvernement sont considérés d’extrême droite. De nombreux ministres membres du gouvernement adhèrent au sionisme religieux. De plus, un grand nombre de colonies sont mises en place par Israël en Cisjordanie : d’après le Rapport du MOLAD (ONG israélienne) 64% de la société israélienne perçoit les colonies installées en Cisjordanie de manière positive. Enfin, en 2018, une loi constitutionnelle a été votée. La « Loi Israël » a désigné de manière constitutionnelle Israël comme « l’Etat-nation du peuple juif » et accorde des privilèges aux citoyens israéliens juifs sur les citoyens israéliens non juifs. Ce sont quelques éléments qui indiquent une radicalisation de l’Etat d’Israël.
Ainsi, l’hostilité croissante face aux négociations de la part de l’Etat d’Israël et d’une des autorités palestiniennes (le Hamas) est un frein à une reprise du processus de paix entre les deux pays. La paix entre Israël et la Palestine paraît sombrer encore plus, derrière la nouvelle guerre entre le Hamas et Israël.
Crédit photo : AFP
Sources :
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