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Tensions entre Haïti et la République Dominicaine autour de la rivière Massacre

Par Soraïna Roumain

 

Le mois dernier, des ouvriers haïtiens reprenaient la construction d’un canal d’irrigation dans les eaux de la rivière Massacre, une rivière partagée entre les deux pays de l’île d’Hispaniola. Ce projet de construction, dont le but est de faciliter le travail agricole en Haïti, a débuté en 2018, mais s’est arrêté abruptement à cause de la crise politique qui a découlé du meurtre du président Moïse en 2021. Le fait qu’Haïti se remette à la tâche ne semble pas plaire à la République Dominicaine, comme cette dernière n’a pas tardé à menacer d’une fermeture complète de ses frontières le pays adjacent. Une action rapidement exécutée, depuis le vendredi 15 septembre dernier.

 

Pour commencer, il faut survoler l’histoire des frontières de cette île caraïbéenne. Depuis le temps de la colonisation de l’île, les Français et les Espagnols, en possession du territoire, se disputent les frontières de leurs terrains respectifs. Ceci engendre des siècles de désaccords perpétués par Haïti et la République Dominicaine malgré la signature de plusieurs traités, dont le dernier signé en 1936. La rivière Massacre constitue une eau transfrontalière entre les deux pays souverains et ils sont tenus de la partager justement. Alors que la République Dominicaine fait usage régulier de la rivière à l’aide de 11 prises, on peut être porté à se demander pourquoi elle ne permettrait pas à son égal de faire de même?

 

Comme mentionné précédemment, en riposte aux travaux effectués par Haïti, qu’Abinader, le président dominicain, juge comme « néfastes » à son territoire, il a ordonné la fermeture de ses frontières terrestres, maritimes et aériennes avec le pays voisin. Il est important de mentionner que le INDRHI (l’Institut National des Ressources Hydrauliques), institution dominicaine, a pourtant démenti ces propos. Abinader a également procédé à la suspension de délivrance de visas pour les demandeurs haïtiens. Une décision questionnable dû aux multiples transactions entre les deux pays, tel que de la main d’œuvre et des partenariats commerciaux, qui seront largement ralentis dû à cette ordonnance. Selon le Centre d’exportations et d’investissements dominicain, Haïti serait leur troisième plus grand partenaire commercial avec 1 milliard de dollars en exportations ainsi que 11 millions de dollars en importations dans la dernière année. Quelles seront les répercussions économiques, pour chaque parti, de ce geste impulsif et redoutable?

 

Enfin, les tensions des derniers mois entre ces deux pays caraïbéens continuent d’escalader dû à plusieurs situations tel que le traitement des personnes d’origines haïtiennes sur le territoire dominicain ou même l’insécurité politique qui règne en Haïti duquel la République Dominicaine souhaite se distancier. Le conflit autour de la rivière Massacre n’est que le dernier de plusieurs et ne semble annoncer de meilleurs présages pour les relations des peuples de l’île d’Hispaniola. On peut cependant toujours espérer une réconciliation juste et diplomatique entre les deux.


Crédit Photo : Haitian Times

 

Sources :

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

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