QUEL AVENIR POUR LES ITINÉRANTS AUJOURD’HUI ?
- Le Polémique
- 24 févr.
- 4 min de lecture
Par Pauline Pagniez

Crédit photo : UNSPLASH/ Matt Collamer
De Montréal à Vancouver, en passant par Toronto, l’augmentation du taux d’itinérance devient alarmante. Même si les causes sont nombreuses, personne ne devrait subir les conséquences d’une société qui l’a délaissée. Bien que les conflits internationaux et les nouvelles tensions mondiales inquiètent, il est urgent de s’intéresser aux crises de chez nous, car ici aussi des gens meurent et souffrent en essayant de survivre à une société hostile à leur existence.
Depuis 2022, on constate une augmentation flagrante de l’itinérance dans le Grand Montréal. Plus récemment, la crise du logement a accentué les cas d’itinérance puisque les loyers sont devenus trop élevés, même pour ceux avec un emploi à temps plein. Traditionnellement, les facteurs de l’itinérance sont le contexte familial, la marginalisation et l’exclusion sociale, les faibles revenus, les parcours migratoires, les problèmes de santé mentale, la dépendance et les relations violentes. Cependant, aujourd’hui nous pouvons voir des familles, des personnes avec un emploi ou des personnes immigrantes, qui ne sont pas prises en charge correctement, se retrouver à la rue. Le manque de ressources et de soutien en santé mentale entraîne une augmentation des situations complexes dans l’espace public, notamment avec l’usage accru de substances illicites. De plus, l’itinérance n’est pas toujours visible sous nos yeux ; que ce soit dans la rue ou dans des tentes, il existe aussi une itinérance cachée avec des personnes vivant dans leur voiture, dormant sur le sofa de leurs amis ou vivant dans des motels. Le problème est l’aspect cyclique de l’itinérance ; lorsqu’une personne alterne entre la rue et un appartement qu’elle gardera pour une courte durée. Comment accompagner les personnes en situation d’itinérance pour qu’elles trouvent leur place dans notre société ? Comment mettre un terme à ce cycle infernal ? C’est ici que se trouve l’enjeu et où il faut creuser davantage.
Malgré cette situation inquiétante, il semblerait que la Ville de Montréal et le gouvernement de Legault ne s’y intéressent que très peu, n’ayant prévu aucun financement pour l’hiver. Pourtant, les tensions liées à la crise de l’itinérance font réagir : de nombreux services, entreprises ainsi que la population appellent à agir au plus vite. La STM est la première touchée et n’a pas les compétences pour gérer correctement cette crise. En effet, le métro est l’endroit le plus accessible pour les itinérants pour dormir ou se réchauffer, surtout en hiver. Toutefois, une fois la nuit tombée, on leur demande de partir lorsque le métro ferme et ils se retrouvent à la rue puisque les refuges sont déjà complets et en nombre insuffisant. Les hôpitaux reçoivent également un nombre important de personnes en situation d’itinérance et on observe une multiplication de campements éparpillés dans différents quartiers du Grand Montréal. De plus, les organismes communautaires et les refuges luttant contre l’itinérance sont en manque de fonds et de ressources pour mettre en place des actions et des programmes concrets d’aide.
Cette crise touche, bien sûr, les personnes itinérantes en premier. Il est à se demander quel avenir est à entrevoir pour eux? Nous parlons ici d’humains que nous croisons chaque matin et chaque soir dans le métro ou dans la rue, vivant dans une société qui les oublie volontairement. Nous choisissons délibérément de mettre notre attention ailleurs et c’est le choix qu’a fait le gouvernement. Nous nous devons de revoir et de changer notre rapport à cette crise et l’importance qu’on lui accorde, car elle ne tend pas à s’améliorer. Pour ce faire, il serait intéressant d’augmenter le nombre d’intervenants et de travailleurs sociaux sur le terrain en plus de leur donner plus de ressources et de mieux les accompagner. L’idée est en fait d’accompagner et d’orienter adéquatement les personnes en situation d’itinérance vers des ressources adaptées. Comme évoqué plus haut, les facteurs de l’itinérance et l’histoire de vie derrière chaque humain itinérant est différente. Il est impossible de mettre dans une case ou de généraliser les vécus de chacun afin de tous leur offrir une « solution » unique qui, dans les faits, n’existe pas. De plus, il est nécessaire d’offrir des logements abordables et accessibles pour les personnes avec des moyens limités ou des migrants nouvellement arrivés. La crise du logement semble complètement hors de contrôle, mais ce sont des vies humaines qui sont touchées par ce phénomène et des familles entières qui se retrouvent à la rue. Il est urgent de leur trouver un toit, qui est un besoin fondamental pour l’être humain. Dans cette optique, il faut inévitablement augmenter le budget attribué à cet enjeu de société afin de financer adéquatement les organismes communautaires et les refuges luttant contre l’itinérance.
Vivre dans la rue ne devrait pas être une option, vivre une stigmatisation forcée ne devrait pas être subie, vivre dans l’incertitude constante d’avoir accès à de l’eau, de la nourriture et des toilettes ou de quoi se laver ne devrait pas être toléré. Être oublié, délaissé et marginalisé par sa propre société n’est jamais acceptable. Bien que l’avenir des personnes en situation d’itinérance soit incertain, il ne faut surtout pas baisser les bras à un moment où l’espoir d’une amélioration est encore possible.
Sources :