Manifestation du 20 septembre à Montréal

Par Aliénor Comparin

Le mercredi 20 septembre 2023 a été marqué par une vive agitation du débat public canadien.                        Aux quatre coins du pays des milliers de manifestants se sont affrontés autour des questions de l’identité de genre et plus largement des droits LGBTQ+. En réponse à des protestations contre « l’idéologie de genre à l’école », des contre-manifestations se sont formées pour défendre les intérêts de la communauté LGBTQ+.

Pour mieux comprendre la manifestation initiale, il faut s’intéresser aux motivations de son organisateur: 1millionmarchforchildren, un groupe revendiquant « l’élimination de l’OSIG (Orientation Sexuelle et Identité de genre) ainsi que les pronoms et l’idéologie des genres et toilettes mixes dans les écoles ». Pour l’opposition, ces revendications s’inscrivent dans le schéma d’une lutte contre les droits LGBTQ+. Vouloir couper la discussion sur le genre et l’orientation sexuelle dans les écoles est incompatible avec l’idée même de tolérance et risque de marginaliser davantage les jeunes LGBTQ+.                                                 Les deux groupes se positionnent en faveur du bien-être des jeunes et enfants mais sous deux angles différents. Le premier groupe, mené par 1millionmarchforchildren, assure que « préserver l’innocence des enfants » est une priorité. L’opposition LGBTQ+ soutient l’idée que préserver l’ouverture à la discussion sur l’ensemble des sujets gravitant autour de l’identité individuelle est une nécessité dans la construction de l’enfant et de son bien-être. Le débat est alors descendu à la rue ce mercredi 20 septembre sous un climat tendu, plein d’émotions. D’un côté, la peur de la différence ; de l’autre, l’inquiétude de voir des droits acquis remis en cause.

A Montréal, les deux groupes se sont rencontrés dans le centre-ville devant le bureau de François Legault. Le SPVM était sur place en grand nombre pour prévenir les débordements. Si aucune arrestation n’a eu lieu, des affrontements verbaux violents entre les manifestants ont instauré un climat tendu. Les droits des personnes trans ont été à plusieurs reprises remis en cause, suscitant la colère des contre-manifestants, effarés par un tel débat. Valérie Plante, mairesse de Montréal, a réagi à l’évènement sur X en le qualifiant de « démonstration de haine anti-LGBTQ+ inacceptable » et en rappelant le soutien de la ville aux personnes LGBTQ+. Justin Trudeau a lui aussi réagit sur X en rappelant la « solidarité du Canada avec les LGBTQ+ ». La violence des mots des partisans de 1millionmarchforchildren a profondément heurté les membres de la communauté LGBTQ+ et plus largement la communauté montréalaise. Le soutien des figures politiques est plus que jamais important dans des situations comme celle-ci, où un groupe de personnes cherche à restreindre les droits de minorités.

Dans l’ensemble du Canada, des messages de soutien ont été envoyés et des appels à la lutte ont été lancés. De nombreux organismes LGBTQ+ ont tenu à rappeler qu’il ne faut pas prendre les droits pour acquis et que le chemin pour (vers) l’égalité n’est pas fini.

Crédit Photo : LPC