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LÉGISLATIVES 2024 : Le combat du peuple pakistanais et d’Imran Khan pour la démocratie continue face aux tentations autoritaires et tyranniques.

Dernière mise à jour : 1 nov. 2024

Par Lino JUHEL.







Dans un État du Pakistan, que l’on considère souvent comme un régime dictatorial, les élections législatives ont eu lieu ce 8 février 2024, afin de définir l’état de la fissure démocratique, à l’heure où le déclin des droits humains s’étalait sous les yeux des 130 millions de personnes s’étant rendues aux urnes.



Comme démontré sur la Figure 1, le Pakistan possède une culture démocratique parmi les plus faibles dans le monde. En outre, avec un taux d'alphabétisation ne dépassant pas 58 % chez la population de plus de 15 ans, il devient de plus en plus manifeste que la décision de la Cour suprême du Pakistan d'interdire au parti du Premier ministre sortant, Imran Khan, d'employer un logo à la place de textes sur ses bulletins de vote pour contrer l'analphabétisme dans le pays, était guidée par des motivations partisanes anti-démocratiques. Mais alors dans quel contexte sommes-nous et qui motive cette partisanerie ? La réponse à cette question réside dans la mainmise qu’a l’armée sur le pouvoir et la nomination des leaders politiques du pays. En effet, l’élection en 2018 du centriste issu du Mouvement du Pakistan pour la justice (PTI), Imran Khan, a marqué une défaite politique pour la junte militaire du pays, soutenant corps et âme la droite radicale et conservatrice à des fins de conservation du pouvoir. Cela explique notamment pourquoi le scrutin de ce 8 février fut repoussé à de nombreuses reprises pour des raisons des plus floues. La réelle explication émerge lorsque nous analysons les événements très opportuns favorisant le candidat menant le parti de droite libéral-conservateur (PML-N), Nawaz Sharif.






L’un des événements retentissant des derniers jours et avertissant la communauté mondiale d’un déclin démocratique au Pakistan fut la condamnation à 10 ans de prison d’Imran Khan, à peine un mois avant les élections législatives. Alors que son élection en 2018 avait désorganisé le paysage politique interne du pays, interrompant l'alternance traditionnelle entre le Parti du peuple pakistanais et les factions de la Ligue musulmane du Pakistan, notamment celle de Nawaz. Mais si nous fermons cette parenthèse contextuelle, nous nous en tiendrons à expliquer que Khan fut condamné pour « divulgation de secrets d’état », selon une loi datant de l’époque coloniale britannique, en jugement de première instance. Au moment de ce vote, fin janvier, les sondages donnaient Khan vainqueur aux législatives avec plus d’un tiers des suffrages. 


Ainsi, les résultats tant attendus de cette élection sont tombés avec plus de 24 heures de retard. Cependant, la finalité préliminaire des suffrages étant encore en dépouillement (posant alors la question d’une fraude électorale de la part de l’opposition soutenue par l’armée du fait de la longueur de l’arrivée des résultats finaux encore inconnus) est sans appel. Les candidats du PTI de Khan, ayant été obligés de se déclarer comme indépendants, pour fuir la persécution de ce dernier, ont obtenu 93 sièges sur les 266 à pourvoir, laissant le parti de Sharif loin en deuxième place, avec 18 sièges de moins.







En outre, les obstacles se dressant devant la possibilité de former un gouvernement pour le PTI sont nombreux, le premier étant l’emprisonnement de son leader, Imran Khan, ayant été également accablé de tous côtés et jugé inéligible pendant au moins 5 ans. Alors, même si le parti réussi à valser habilement entre tous ces obstacles, il ne réussira probablement pas à forger une Assemblée stable et majoritaire avant la date limite du 29 février et encore moins à trouver un remplaçant à Khan avant le 2 mars, date future de l’institution du nouveau Premier ministre. Le plan le plus envisagé par les analystes de toute part revient à une coalition des deux partis suivant les « Indépendants du PTI » soit la droite de Nawaz Sharif et le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de centre-gauche, mené par Benazir Bhutto.



Enfin, si d’ici là les querelles politiques de corruption se voient relayées au second plan, le premier sera lui occupé par les multiples tâches du parti au pouvoir qui devra remonter les finances d’un des taux d’inflation parmi les plus élevés d’Asie. Le nouveau chef du gouvernement aura probablement aussi à cœur de refaire briller le Pakistan sur la scène internationale qui est désormais qualifiée comme electoral autocracy par les experts. Le rapport annuel de V-Dem a notamment démontré que le Pakistan possède un indice de 2,9 sur 4 en termes de polarisation politique en 2022, n’ayant connu aucun changement depuis 2012.



Crédit Photo : Reuters - NDTV



Sources :











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