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Les profils des Acteurs des récents coups d'État en Afrique de l'Ouest

Par Justin Reynier


Rappel chronologique des événements et acteurs mentionnés dans cet article :


• Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhan prend la tête du Soudan par un coup d’État en avril 2019.

• Assimi Goïta devient chef d’État du Mali à deux reprises lors de putsch, en aout 2020 et en mai 2021.

• Mamadi Doumbouya est l’homme fort de la Guinée depuis sa prise de pouvoir militarisée de septembre 2021.

• Paul-Henri Sandaogo Damiba ayant pris le pouvoir au Burkina-faso en janvier 2022 est renversé par Ibrahim Traoré en septembre de la même année.

• Brice Oligui Nguema, mène un coup d’État réussi en aout 2023 et devient le dirigeant du Gabon.

• Abdourahamane Tiani mène un coup d’état au Niger en juillet 2023, où il prend la tête de Conseil national pour la sauvegarde de la patrie.

 


Depuis quelques années, l’Afrique de l'ouest est touchée par une vague de putschs militaires victorieux ayant pour conséquence de modifier drastiquement la situation du pays. Ces événements étant largement traités, nous avons décidé ici de les aborder sous un autre angle, en nous intéressant aux meneurs de ces coups d’État et à ce qu’ils peuvent nous apprendre sur la portée et les implications des changements qu’ils vont mener. Chacun de ces individus a joué un rôle central dans les événements qui ont secoué leur nation, contribuant à façonner l'avenir politique de leur pays. En présentant brièvement ces personnalités et en examinant les similitudes et les différences qui sous-tendent leurs actions, nous espérons apporter une meilleure compréhension de ces événements impactants pour le continent africain.


Le Putschiste Africain : Un Archétype Émergent


Dès le premier coup d’œil à leur parcours, quelques similitudes sortent largement du lot, nous allons donc ici vous les présenter sous la forme d’une sorte de fiche d’identité représentant l’archétype du putschiste africain de ces dernières années.


L'un des traits caractéristiques des putschistes africains réside dans leur solide formation militaire. Ils ont en effet tous suivi un cursus au sein d'académies militaires, où ils ont acquis des compétences en leadership et en stratégie. Ces formations ont fortement développé leurs connaissances militaires dont ils se sont servis pour faire leurs preuves dans l’armée de leur pays et monter en grade pour y atteindre des positions très prestigieuses.


Un point commun réside aussi dans leur exposition à des influences internationales. Tous ont étudié et/ou travaillé dans des pays étrangers, et notamment dans d’autres pays d’Afrique et en occident comme en France ou aux États-Unis. Ces expériences leurs ont permis de connaitre d’autres systèmes, d’élargir leurs horizons mais aussi de se créer un réseaux international primordial pour l’exercice du pouvoir. On peut par exemple citer Mamadi Doumbouya et Paul-Henri Sandaogo Damiba qui se sont rencontré en France durant leurs études. Ou Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane qui fut proche du président égyptien Al-Sisi qu’il a également rencontrer durant sa formation militaire en Égypte.

 

Ces putschistes se saisissent du contexte de mécontentement populaire présents dans leur pays qui dénoncent certains problèmes politiques. Ils prétendent souvent agir au nom du peuple, affirmant répondre à des demandes de changements ou de lutte contre la corruption.

 

Cependant, il est difficile de discerner avec certitude les motivations profondes de ces acteurs, car elles peuvent être influencées par une combinaison complexe d'intérêts personnels, tels que l'accès au pouvoir, la préservation de leurs privilèges ou l'accumulation de richesses, ainsi que par un véritable souci des enjeux politiques et socio-économiques de leur pays et une volonté sincère d'améliorer la gouvernance. Ces éléments cohabitent probablement dans l'esprit des putschistes, rendant leurs motivations finales difficilement discernables.

 

Analyse individuelle des Acteurs :

Dans le contexte des récents coups d'État en Afrique, il est essentiel de disséquer les profils et les motivations de chaque acteur impliqué. Cette analyse permettra une meilleure compréhension des facteurs personnels qui ont conduit à leur accession au pouvoir.


Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, originaire du Soudan, se distingue par une carrière militaire impressionnante, bien que certains l'accusent de crimes de guerre au Darfour, où il a supervisé de nombreuses opérations. Ses détracteurs prétendent également qu'il a orchestré le renversement du pouvoir soudanais pour protéger ses intérêts personnels menacés par le régime en place.


Au Mali, Assimi Goïta est devenu une figure majeure des coups d'État, en mettant en avant la situation précaire du pays. Il revendique représenter la volonté populaire en faveur de réformes, mais ses véritables motivations restent obscures.


En Guinée, Mamadi Doumbouya présente un profil intéressant. Né en Guinée, il a servi en tant qu'ancien légionnaire français et a poursuivi ses études à Paris, où il a épousé une Française. Sa critique de la France et de l'Occident, malgré son passé, suscite des interrogations.


Ibrahim Traoré, au Burkina Faso, est le plus jeune chef d'État du monde, âgé de seulement 34 ans. Il a gagné un fort soutien de la jeunesse et prône des idéologies marxistes, tout en exprimant son admiration pour l'héritage de Thomas Sankara.


Au Gabon, Brice Oligui Nguema est lié à la politique par des liens familiaux étroits, étant membre de la famille d'Omar et d'Ali Bongo, qu'il a lui-même renversés.


Enfin, au Niger, Abdourahamane Tiani, commandant de la garde présidentielle nigérienne, a longtemps été considéré comme un proche allié du président, mais il a finalement renversé ce dernier pour prendre sa place.


Conclusion


Chaque coup d'État en Afrique a des répercussions qui s'étendent au-delà de ses frontières. Ils peuvent influencer les relations internationales, la stabilité régionale et la démocratie. Comprendre les motivations et les antécédents des putschistes africains est essentiel pour analyser les dynamiques complexes de ces événements et pour favoriser la paix et la prospérité sur le continent. Les conséquences de ces coups d'État varient en fonction des intentions et des actions des putschistes, mais ils continuent de façonner l'avenir politique de l'Afrique. Les défis demeurent quant à la promotion de la stabilité politique, de la démocratie et de la prospérité sur le continent, tout en évitant les crises violentes qui ont trop souvent marqué son histoire récente.


Crédit Photo : EFE


Sources :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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