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Le Québec remet-il en question le serment d'allégeance au roi ?

Par Clélia Aubigny


Photo: Marcel Tremblay / Agence QMI



Le 8 septembre 2022, la reine Elizabeth 2 d’Angleterre décède après un long règne de 96 ans. Avec elle s’emporte toute une histoire, pour certains admirative mais pour d’autres un évènement qui va permettre un changement. Cette mort n'est pas une simple délégation de couronne mais celle d’une histoire colonisatrice forte. Aujourd’hui, elle en garde le Commonwealth, une organisation intergouvernementale des anciens territoires de son empire. Chaque pays membre se doit de prêter serment au nouveau roi Charles III d’Angleterre. Le Canada, en monarchie constitutionnelle, en fait partie. Dans sa province du Québec, des députés n’ont pas souhaité prêter serment. Cette action remet en question l’attachement monarchique à l’Angleterre.


Le serment d’allégeance au Roi : qu’est-ce que c’est ?


L’Empire britannique a été une grande puissance colonisatrice. Certains États en relation historique colonialiste avec l’empire font partie du Commonwealth, et par ce biais doivent prêter serment au roi et se sont pliés à une monarchie constitutionnelle. Elle est inscrite dans la constitution de 1867 par l’article 128 qui oblige chaque député à prêter serment pour exercer sa profession à la Chambre des communes ou au Parlement. Le début du Commonwealth rime avec la reine Elizabeth depuis son début. Sa position et son rôle pour le Canada ne posent pas vraiment de problème. Cependant, le roi Charles III est une figure publique moins neutre que pouvait être Elizabeth. Ce sont des personnalités publiques dont chaque fait et geste ou opinion est observé. Porter allégeance au roi Charles III, ce n’est pas seulement porter allégeance au Royaume-Uni mais également aux idées que Charles III porte. Le changement de couronne met l’accent sur toutes les évolutions sociétales qui sont apparues.


Le refus des députés au Québec : une question d’identité


Le Québec élisait le 3 octobre 2022 de nouveaux députés provinciaux. Sur ceux élus, 11 du parti Québec Solidaire et 3 du Parti Québécois ont refusé de porter allégeance au roi. La population du Canada n’a jamais réellement été rattachée à la couronne britannique, et ce sentiment est d’autant plus fort au Québec par son historique, sa culture et sa langue différente des provinces anglophones. Pour ces dernières, le serment pose moins de questionnement. Une grande partie de la population québécoise souhaite devenir indépendante. Les partis Québec Solidaire et Parti Québécois soutiennent cette idée. Ce mouvement a permis au niveau fédéral de remettre en question les liaisons avec le Royaume-Uni, est-ce encore utile ? Supporte-t-on encore les mêmes idées que cette monarchie ? Les députés ont été forcés à prêter serment afin de rentrer au salon bleu – chambre de vote des lois. La province fait donc face à plusieurs débats et conversations sur le futur de sa relation avec la couronne britannique, et ce depuis les débats des chefs ayant mené à l’élection de François Legault comme premier ministre du Québec. Cette revendication a permis de mettre en place l’idée d’un nouveau projet de loi. Il est porté par Québec Solidaire voulant rendre ce serment facultatif. Le rendre optionnel serait un pas en avant pour le Québec vers son détachement au Canada, car principalement ce seront des députés québécois qui défendraient ces idées.


«Prêter serment au roi, c’est inutile et archaïque. Ça n’a plus de place dans notre démocratie. [...], et nous devons nous assurer que plus personne ne soit obligé de faire ce serment humiliant» déclare Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec Solidaire. Tout reste lié à une quête d’identité du peuple québécois, ne voulant se battre aux côtés d’un empire colonial avec à sa tête un roi qui n’a que très peu de succès publiquement. La population québécoise soutient également les populations autochtones. Avec la Loi sur les Indiens persistante dans la constitution et une députée élue pour la première fois autochtone (Kateri Champagne), il est difficile de se voir prêter serment à un roi dont l’empire a colonisé et adopté cette loi dans le but d’ôter l'identité et les droits à son peuple.


Parler des conséquences que pourrait avoir le projet de loi


Ce qu’on pourrait croire comme une simple parole de loyauté retranscrit bien plus. Au Québec, des députés y ont renoncé et remettent sur le tapis des débats déjà bien ancrés dans le pays. Le Canada a-t-il encore besoin d’être rattaché à une monarchie dans un monde où celles-ci sont en déclin ? Et le Québec y affirme sa volonté d’identité, de se détacher d’idées, d’actes qui ne le représente pas. Il est temps pour le Canada et le Québec de grandir de son côté. Bien qu’encouragé, ce projet de loi verra-t-il le jour ?

© 2021 Le Polémique

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