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La baisse de la déforestation au Brésil, un grand enjeu socio-écologique

Par Clélia Aubigny 


Le 9 novembre 2023, les « poumons de la terre » retrouvent l’espoir d’être sauvés de la déforestation. En effet, l’Institut brésilien de recherche spatiale a annoncé que la déforestation aurait diminué de 22,3% depuis la dernière année. Cela coïncide avec le retour au pouvoir du président Lula. Sa présidence succède au mandat de Bolsonaro, sous qui la déforestation de l’Amazonie a augmenté de 75% ; un désastre pour le Brésil mais également pour la seule forêt « vierge » de la Terre. Des résultats si rapides démontrent que, d’un gouvernement à un autre, l’action environnementale peut progresser et est possible. Cependant, la droite brésilienne reste populaire. 

Le jour mondial de l’environnement a été célébré par le président Lula en réanimant son plan d’action pour l’Amazonie. Le Plan d’action pour la prévention et le contrôle de la déforestation en Amazonie légale  (PPCDAM) a vu le jour, en 2004, lors du premier mandat de Lula. Il comporte quatre axes : des activités productives durables, une surveillance et un contrôle de l’environnement, une organisation et un aménagement du  territoire ainsi que des instruments normatifs et économiques visant à réduire la déforestation. Beaucoup de ses sous objectifs doivent permettre une mise en place progressive. Le programme s’oriente plus fermement vers un contrôle strict des déforestations illégales et la préservation des espaces déforestés sous le mandat de Bolsonaro. Lula réaffirme ainsi les objectifs écologiques du Brésil sur la scène internationale. Pour cela, il reprend ses projets ayant été arrêtés sous le mandat du président Bolsonaro et souhaite respecter les objectifs des Accords de Paris. Il est important de souligner que ces travaux environnementaux sont réalisés avec le concours de Marina Silva, la ministre de l’environnement, qui était au côté de Lula lors de ses deux premiers mandats. Les résultats de ses engagements s’étaient déjà montrés fructueux. Elle défend activement les droits des populations autochtones ainsi que la préservation de l'Amazonie. Elle avait déjà renoncé à travailler avec Lula quand l’aspect économique a pris le pas sur l’écologie. Aujourd’hui, elle reprend le poste avec un objectif de zéro déforestation que le nouveau président accepte. La politique de Lula fait donc renaître l'espoir d'une meilleure gestion face à la politique désastreuse pour l'environnement qu'a mené Bolsonaro.

Son programme cherche à trouver un équilibre socio-économique. Le Brésil a une position  fragile dans la protection de l’Amazonie. C’est une forêt sacrée aux yeux du monde comme aux yeux des  populations qui y vivent. Cependant, la place du Brésil dans les sociétés urbanisées et mondialisées ne  permet pas sa protection. Le pays n’est pas assez riche et doit autant s’occuper de la cause sociale qu’écologique. Lula met d’ailleurs en priorité le social et en second plan l’écologie, ce qui donne tout de même de l'importance à ce domaine souvent négligé. Une grande partie de la population va, par exemple, vouloir prioriser la culture de soya afin d’accroître les exportations et ainsi enrichir le pays, au détriment de la forêt brésilienne. Cela détruit un  écosystème, des villages et une boucle de rétroaction positive pour les changements climatiques. Largement dépendant du système économique mondial, et grand pollueur, le Brésil fait face à de gros défis avec peu d'armes de son côté. En plus de préserver, il va falloir protéger et restaurer la forêt face aux changements climatiques l’affectant déjà significativement. Lula a demandé l’aide financière d'autres pays ; la Norvège et l’Allemagne étant les plus grands contributeurs. Des accords régionaux  pourraient prendre également plus de place et la volonté de Marina Silva aide à rester optimiste. 


Ainsi, la baisse significative de la déforestation en Amazonie montre qu’il est possible de changer le cours des actions, et qu’une autre politique permet de faire changer les choses. Si de grandes avancées s’articulent, on peut espérer voir d'autres engagements se mettre en place dans les prochaines années. Le gouvernement ainsi que Marina Silva portent la voix de plus en plus forte des peuples autochtones : "The cost of care is always lower than the cost of repair" - Marina  Silva 


Credit photo: NASA Earth Observatory 


Sources : 


Paulo Meyerfeld. 2023. «Le Brésil enregistre une baisse significative de la déforestation en Amazonie  moins d’un an après le retour de Lula au pouvoir », dans Le Monde. 


Ministerio do Meio Ambiente e Mundanca do Clima. 2023. « Governo lanca plano de combate ao  desmatamento na Amazonia e anuncia atos ambientais», gov.br https://www.gov.br/mma/pt-br/governo-lanca-plano-de-combate-ao-desmatamento-na-amazonia-e-anuncia-atos-ambientais 


Paulo Roberto Cunha. 2019. « Le nouveau gouvernement et l’Amazonie : recul de la protection  environnementale et privamsamon des terres publiques», dans Outre-Terre, N°56, pp 238-244. https://www.cairn.info/revue-outre-terre-2019-1-page-238.htm 


Lindsey Jean Schueman. 2023. « Climate Hero: Marina Silva », dans One Earth. https://www.oneearth.org/climate-hero-marina-silva/ 


Thomas Coutrot. 2009. « Lula, le social et l’ecologie », dans Mouvements, N°60, pp 138-144 https://www.cairn.info/revue-mouvements-2009-4-page-138.htm 


Ombelyne Dagicour. 2020. « Geopolitique de l’Amazonie», dans Politique étrangère, pp 133-146  https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2020-1-page-135.htm 


Valentine Paquesoone. 2023. « Sommet sur l’Amazonie : quel est le bilan de Lula en matière de lutte contre la déforestation au Brésil ? », dans France info


Moise Tsayem Demaze. 2008. « Quand le développement prime sur l’environnement : la déforestation en Amazonie brésilienne », dans Mondes en développement, N°143, pp 97-11 

© 2021 Le Polémique

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