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L'éducation, victime elle aussi des coups d'état en Afrique ?

Par Vincent Bélanger

 

​Le 30 août 2023, à la veille de la rentrée scolaire pour la plupart des élèves du globe, l’Afrique subsaharienne fut à nouveau secouée par un Coup d’État militaire au Gabon. C’est le huitième coup d’État que connait le continent depuis août 2020.

Dans sa définition, un coup d’État entend renverser le pouvoir établi, ce qui a bien sûr des conséquences sur l’ensemble de la population de cet État. L’impact de ces évènements sur l’éducation des jeunes constitue ainsi un enjeu majeur à décrypter.

 

L'éducation en Afrique subsaharienne.

 

Avant toute chose, pour mieux comprendre les effets que les coups d’États ont pu avoir sur l’éducation dans ces pays, plongeons dans un état des lieux de la situation.

Selon l’Institut Statistique de l’UNESCO, l’Afrique subsaharienne est la région du monde au plus fort pourcentage d’élèves non scolarisés. Pour rappel, l’UNESCO est la branche de l’ONU chargée de l’éducation, des sciences et de la culture.

Des dizaines de millions d’enfants de cette région d’Afrique ne vont pas à l’école à l’heure actuelle. L’exclusion de l’éducation d’un élève est souvent causée par des facteurs extérieurs à sa situation personnelle donc complètement incontrôlables telles que des crises sociales, environnementales ou, dans ce cas, politiques. Par ailleurs, notons que la région compte le plus fort taux de natalité mondial, ce qui augmente chaque année le nombre de jeunes en âge d’être scolarisés et complique la tâche de l’enjeu d’une éducation pour tous.

 

Crises après crises.

 

​Ces dernières années, l’Afrique ne fut pas épargnée par les crises mondiales et l’éducation fut mise en danger. Les nouveaux bouleversements politiques nationaux viennent donc appuyer encore plus sur l’abcès.

En effet, l’inflation causée par la guerre en Ukraine a rendu les fournitures et le matériel scolaire plus chers. Il est également plus difficile pour les familles de se nourrir, alors que la pandémie de Covid-19 accentuait déjà la pauvreté. Le djihadisme très présent dans cette partie du continent maintient également une insécurité au sein des écoles. Enfin, le changement climatique pousse de nombreuses familles à migrer vers des endroits plus prospères et empêche donc, pour les enfants, le suivi d’une bonne éducation.


Un déficit d'enseignants.

 

​Le coup d’État de juillet dernier au Niger a secoué le système éducatif d’un pays classé parmi les plus pauvres du monde.

Un énorme déficit d’enseignants est observé dans les pays touchés par les coups d’États or l’éducation ne peut pas fonctionner correctement sans les personnes chargées de transmettre la connaissance. L’avenir donne en effet peu de perspectives réjouissantes en termes de carrières et de revenus, ce qui va repousser les enseignants à postuler. Or c’est un cercle vicieux qui s’installe car cela va freiner, à leur tour, les élèves pour leur développement futur et l’on sait l’impact grandissant qu’a l’éducation sur l’ensemble du développement de l’Afrique.

 

Par ailleurs, au niveau des études supérieures la situation n’est pas facile non plus.

La France a pour sa sécurité récemment suspendu la délivrance de visas et de bourses d’études pour les étudiants venant du Mali, du Niger et du Burkina Faso aspirant à poursuivre leurs études dans le pays cette année. Une suspension de la coopération universitaire qui souligne une nouvelle fois que l’éducation est une cible des nouveaux régimes autoritaires. La fermeture des frontières rend aussi compliqué le travail des organisations humanitaires qui luttent notamment contre la crise de l’éducation.

 

Des inégalités renforcées.

 

D’après l’ISU, ces coups d’États renforcent une fois de plus les inégalités entre les filles et les garçons déjà fragilisées par les autres crises de ces dernières années. Dès un très jeune âge, les filles sont parfois mariées de force et tombent enceinte, ce qui leur laisse peu de perspectives pour suivre une bonne éducation. Elles sont donc largement plus susceptibles d’être déscolarisées par rapport à leurs camarades masculins. Or les enfants déscolarisés sont plus sujets aux violences et peuvent finir par travailler sans franchir les portes de l’école pour fuir une certaine insécurité. L’éducation devrait être un droit pour tous les jeunes, sans menace pour leur vie.

 

La rentrée aura lieu début octobre au Niger, et les conséquences économiques du coup d’État du 26 juillet dernier laissent déjà envisager que de nombreux enfants ne seront pas présents le jour de la rentrée.

Il faut donc espérer qu’à l’avenir, d’autres coup d’États ne toucheront pas la région, déjà fragilisée par des crises venant de l’extérieur et que le dynamisme de la jeunesse africaine et les espoirs que portent les démocraties sur le continent donneront des circonstances différentes pour les rentrées scolaires futures.


Crédit Photo : Afrikatech

 

Sources :













 



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