L’exode arménien du Haut-Karabakh
- Le Polémique
- 31 oct. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 nov. 2023
Par Maylis Pierré
Le Haut-Karabakh est une enclave montagneuse se situant au sein du territoire azerbaïdjanais mais
est peuplé à 95% d’arméniens. Cette région donne lieu à de nombreuses tensions entre l’Arménie et
l’Azerbaïdjan depuis les années 1980 et ces dernières semaines ont vu éclater de nouveaux problèmes.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan considèrent depuis toujours le Haut-Karabakh comme un pilier dans
l’histoire de leur pays. Le 2 septembre 1991, le Haut-Karabakh a déclaré son indépendance car il ne
souhaitait appartenir ni à l’Arménie ni à l’Azerbaïdjan mais celle-ci n’a été reconnue par aucun pays
de l’ONU. Suite à cette déclaration, l’Azerbaïdjan a occupé militairement le Haut-Karabakh et en
réponse, l’Arménie s’est engagée également contre l’Azerbaïdjan et cela s’est transformé en guerre.
Aucun accord n’a été trouvé entre les deux pays car les deux belligérants souhaitaient obtenir cette
région. Mais en 1994 un cessez-le-feu est conclu. Cela provoque la colère de l’Azerbaïdjan car cela
signifie qu’il perd les 20% de son territoire correspondant au Haut-Karabakh (qui passe sous contrôle
de la république auto-proclamée). Depuis les années 90, les tensions ne sont jamais retombées. De
plus, 2020 a été marqué par une nouvelle guerre entre les deux pays.
Il existe un corridor reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie se nommant le corridor de Latchine. Celui-ci
a été partiellement bloqué par l’Azerbaïdjan en décembre 2022 mais totalement bloqué en juillet
2023. Cela a fortement contribué à de nombreuses pénuries alimentaires, de médicaments ou encore de produits hygiéniques. De plus, l’Azerbaïdjan a même bloqué le Comité international de la Croix Rouge pour emmener des patients hors du Haut-Karabakh.
La situation s’est réellement dégradée le 19 septembre dernier car l’Azerbaïdjan a attaqué le Haut-
Karabakh. Cette attaque est totalement asymétrique car l’armée azerbaïdjanaise est préparée,
équipée et organisée contrairement au peu de forces armées du Haut-Karabakh. Au lendemain de
cette attaque, les forces séparatistes de la région ont déposé les armes et un cessez-le-feu a été
signé par l’intermédiaire de la Russie. Selon le cessez-le-feu, les autorités du Haut-Karabakh
acceptent d’entamer des discussions concernant la réintégration du territoire au sein de
l’Azerbaïdjan. Pendant ce temps, cette enclave peuplée d’arméniens devient une région occupée par
l’Azerbaïdjan, créant ainsi un réel drame pour la population locale.
Malgré que les autorités azerbaïdjanaises ont déclaré qu’elles respecteraient la religion et les droits
des arméniens au Haut-Karabakh, les arméniens de cette région ne leur font pas confiance et ont
préféré fuir. En effet, c’est la quasi-totalité de la population qui a dû fuir ; soit plus de 100 000
personnes. Tous ces habitants ont quitté leurs terres par crainte d’une dégradation de la situation.
Ces milliers de personnes ont tout laissé derrière elles pour rejoindre l’Arménie. Beaucoup de récits
des habitants témoignent de la catastrophe qui est en train d’avoir lieu car les résidents de cette
région expliquent avoir perdu leur pays, leurs repères ainsi que tout ce qu’ils possédaient. Cet exode
de la population est vu par beaucoup comme un épisode dramatique dans lequel la communauté
internationale n’est pas intervenue.
Cependant, l’ONU s’est employée à aider les habitants du Haut-Karabakh à leur arrivée à la frontière
arménienne. L’UNICEF s’est implantée dans la ville de Goris en offrant des soins pédiatriques ou encore en créant des lieux tranquilles pour l’allaitement. Tandis que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés fournit des articles utiles comme des lits pliables et des matelas.
Les attaques survenues au Haut-Karabakh le 19 septembre dernier ont donc laissé la place à une véritable catastrophe humaine car plus de 100 000 personnes ont dû quitter précipitamment leur domicile. Mais des questions peuvent se poser concernant le relogement de plus de 100 000 personnes. De plus comment ces personnes vont pouvoir se reconstruire dans un pays qui n’est pas
vraiment le leur ? Le droit international doit-il intervenir dans cette situation afin de régulariser le
problème ?
Crédit photo : Euronews
Sources :