L'art, un danger pour les relations internationales
- Le Polémique
- 3 avr. 2023
- 4 min de lecture

Photo: Leon Neal
Par Emmy Vande Rosieren
L'art est souvent considéré comme un moyen universel de communication. Il est capable de transmettre des messages à travers les émotions qu'il suscite chez les individus. Cependant, l'art peut également être utilisé comme un outil politique et peut mettre en danger certaines relations internationales. Le conflit entre la Grèce et le Royaume-Uni concernant les frises du Parthénon est un exemple de la manière dont l'art peut devenir un enjeu politique.
Les sculptures des frises du Parthénon, situées à l'origine sur l'Acropole d'Athènes, sont depuis longtemps un sujet de discorde entre Athènes et Londres. Les traces archéologiques du Parthénon datent du deuxième millénaire avant Jésus-Christ, et le bâtiment est inscrit au patrimoine de l'UNESCO depuis 1987. La déesse Athéna était considérée comme la gardienne du temple dans la mythologie grecque. Aujourd'hui, les frises du Parthénon sont exposées au British Museum de Londres, où elles attirent environ six millions de visiteurs par an.
Le conflit des frises du Parthénon est un exemple parmi tant d'autres de la manière dont l'art peut engendrer des tensions diplomatiques. Les œuvres d'art sont souvent le reflet de l'histoire et de la culture d'un pays, et leur possession peut être perçue comme un symbole de puissance et de prestige.
Un point historique pour comprendre la position de Londres,
Le Royaume-Uni soutient que l'acquisition des frises par Lord Elgin, ambassadeur britannique en Grèce à l'époque, était parfaitement légale. À l'époque, la Grèce était sous occupation ottomane, et Lord Elgin avait négocié le transfert de la moitié de la frise à Londres. Depuis l'ouverture du conflit entre la Grèce et le Royaume-Uni, Londres a maintenu sa position, affirmant que Lord Elgin avait négocié avec les autorités compétentes à de l'époque. Le British Museum met également en avant le fait que la frise fait partie du "patrimoine commun de l'humanité", et que la conservation de la frise est mieux assurée à Londres.
Mais qu'en dit Athènes ?
La Grèce affirme que l'acquisition des frises par Londres n'a jamais été légale. À l'époque, la Grèce était sous occupation ottomane, et n'avait donc pas son mot à dire sur les décisions prises par l'Empire. De plus, la négociation à l'origine reposait sur un prêt des marbres, et non sur une donation définitive. Malgré le statut de patrimoine de l'humanité de la frise, celle-ci fait avant tout partie du patrimoine identitaire de la Grèce. La Grèce a construit un nouveau musée de l'Acropole qui lui permet d'accueillir la frise de manière sécurisée.
L'enjeu politique derrière,
Le conflit des frises du Parthénon est plus qu'un simple désaccord entre deux pays. Il soulève des questions sur la possession et la propriété des œuvres d'art, ainsi que sur leur signification culturelle et historique. Les frises du Parthénon sont un symbole de l'hégémonie athénienne, et leur importance pour la Grèce est avant tout identitaire. Cependant, pour le Royaume-Uni, l'enjeu est de maintenir sa position de possesseur légitime des frises, et de prévenir toute demande similaire de la part d'autres pays qui pourraient réclamer des œuvres d'art acquises de manière douteuse.
Le conflit des frises du Parthénon illustre la manière dont l'art peut devenir un enjeu politique et mettre en danger les relations internationales. Les œuvres d'art peuvent avoir une signification culturelle et historique importante pour les pays d'origine, mais aussi pour les pays qui les possèdent. C'est pourquoi il est important que les questions de possession et de propriété des œuvres d'art soient traitées avec respect et compréhension de part et d'autre.
Ce conflit n'est pas isolé. De nombreux pays ont des désaccords similaires avec d'autres nations concernant la possession d'œuvres d'art importantes. Par exemple, l'Italie a longtemps demandé la restitution de la statue de la déesse Athéna Parthénos, qui se trouve actuellement au Parthénon de Nashville, aux États-Unis. De même, l'Égypte a également demandé la restitution de plusieurs pièces archéologiques exposées dans des musées européens, notamment le buste de Néfertiti exposé au Neues Museum à Berlin.
Le conflit des frises du Parthénon souligne l'importance de la coopération et du respect mutuel entre les nations. Les gouvernements doivent être conscients de l'importance de la culture et de l'art pour les populations, ainsi que de l'impact que la possession d'œuvres d'art peut avoir sur les relations internationales. Les pays doivent être disposés à travailler ensemble pour trouver des solutions pacifiques à ces conflits, en respectant les besoins et les intérêts de chaque partie concernée.
En fin de compte, le conflit des frises du Parthénon est un rappel de l'importance de l'art et de la culture dans notre monde. Les œuvres d'art sont des témoins de l'histoire et de la culture d'un pays, et leur possession peut être considérée comme un symbole de fierté nationale. Cependant, il est important de se rappeler que l'art doit être accessible à tous, et que sa possession ne doit pas être un obstacle aux relations internationales pacifiques et respectueuses. En travaillant ensemble et en respectant les besoins et les intérêts de chaque partie, les nations peuvent trouver des solutions pacifiques aux conflits liés à l'art et à la culture.
Sources :
https://www.lepoint.fr/monde/londres-refuse-de-rendre-les-frises-du-parthenon-a-la-grece-11-01-2023-2504505_24.php Grégory, Pierre, et Jean-Pierre Daviet. « La guerre pour l’art ? », Commentaire, vol. 153, no. 1, 2016, pp. 163-168.
M.Caniard et J.Bauer, " Thème 4- Identifier, protéger et valoriser le patrimoine: enjeux géopolitiques Conflits de patrimoine: les frises du Parthénon depuis le XIX ", Académie Orléans-Tours