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Inondations en République Démocratique du Congo : un défi d’adaptabilité face à la croissance du risque climatique. 

Dernière mise à jour : 1 nov. 2024




Par Aliénor Comparin



Le début d’année pour la République Démocratique du Congo (RDC) est marqué par des crues sans précédent. Le 10 janvier 2024, le fleuve Congo bordant Kinshasa atteignait son record historique en montant à plus de 6,20 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette hausse de niveau conduit à des inondations dévastatrices pour le pays qui venait à peine de se remettre de la crue de mai 2023. Les inondations en Afrique Central s’intensifient ces dernières années, poussant les gouvernements régionaux à se parer contre un risque climatique de plus en plus fort. Le défi auquel la RDC doit faire face est ici présenté comme un cas typique du challenge d’adapter nos sociétés au réchauffement climatique. 



Avant tout, rappelons que la mesure du risque climatique dépend de l’aléa climatique et de la présence humaine. Plus le risque d’aléa est fort et expose un grand nombre d’individu.e.s, plus le risque climatique sera élevé. En RDC, les inondations sont un phénomène courant loin d’être inhabituel. Ces dernières sont liées à la saison des pluies qui fait partie intégrante du climat local. Cependant, en raison du réchauffement de l’air, les phénomènes météorologiques s’intensifient à l’image des tempêtes et pluies diluviennes. De plus, le réchauffement entraîne des sécheresses très fortes qui fragilisent les capacités d’absorption des sols. Enfin, la destruction de l’environnement, notamment via la déforestation, fragilise les écosystèmes et également l’absorption de l’eau. Parallèlement, on assiste à une croissance de l’urbanisation dans cette région. Cette urbanisation entraîne d’abord la construction de nouveaux édifices pour les populations, bloquant parfois accidentellement les évacuations d’eaux, mais vient aussi augmenter le nombre de personnes vulnérables aux inondations. La RDC doit alors faire face à un problème tridimensionnel : une intensification des pluies, la baisse des capacités d’absorption et d’évacuation des eaux ainsi qu’à une hausse du nombre de personnes vulnérables. 


Les inondations soumettent les populations à des risques directs et indirects. Par risques directs, on sous-entend des conséquences immédiates liées aux intempéries. Dans le cas des inondations en RDC, la destruction des habitations et infrastructures ainsi que les morts tragiques liées à l’emportement des eaux impactent directement les populations. En mai 2023, les inondations ont entraîné la mort de plus de 400 personnes. Selon les autorités, les inondations du début de 2024 s’annoncent bien plus dramatiques avec un bilan plus élevé. On estime à 350 000 le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire d’urgence. Au-delà de ces risques directs, les expert.e.s craignent également des conséquences sanitaires indirectes, qui pourraient survenir en aval des inondations. La plus grande peur réside dans le risque épidémique, que le débordement des eaux augmente. En effet, l’humidité et les eaux sales pourraient conduire à un retour du choléra, ou encore du paludisme. Des problèmes de santé et de nutrition sont également à prévoir en raison de l’augmentation des difficultés d’accès à la nourriture. L’insécurité pourrait elle aussi s’intensifier en conséquence de la crise. Enfin, les inégalités de genre pourraient également croître dans un contexte d’accès aux ressources qui est de plus en plus compliqué. 


Face à cette situation, la coopération internationale est fortement sollicitée. L’ONU a par ailleurs débloqué des fonds de 26 millions de dollars pour aider la RDC. Cependant, ce montant est critiqué et jugé insuffisant par rapport à l’ampleur de la crise. Le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) s’est prononcé en proposant un plan d’action pour soutenir la gouvernance locale à amoindrir l’impact des aléas climatiques sur la population. Le principal point du plan consiste à développer une intelligence artificielle qui permettrait d’aider le gouvernement à anticiper et à se prémunir face au risque climatique. Cet outil pourrait être une aide précieuse à la planification de la gouvernance en période de crise d’inondations. La PNUD recommande également à la RDC d’augmenter sa prévention et sa préparation auprès des populations pour limiter les effets directs des crues. La RDC doit donc s’adapter au niveau de ses politiques et de ses infrastructures publiques afin de gérer au mieux les futures crises similaires. Enfin, la RDC, toujours selon le PNUD, doit inciter les entreprises à innover pour améliorer la durabilité des biens et services en temps de crise. La RDC, avec le problème des inondations, est ainsi contrainte de fournir un effort considérable d’adaptabilité aux risques climatiques. 



Le cas des inondations en RDC est un exemple de l’impact du changement climatique. La RDC fait face à des crues sans précédent et cela impacte l’ensemble de sa sphère économique et sociale. Ce type de situation témoigne de la nécessité d’adapter nos sociétés à la menace du risque climatique qui ne cesse de s'accroître. Cependant, l’adaptabilité des sociétés est coûteuse et les États n’ont pas les mêmes capacités financières pour entreprendre ce processus. On assiste alors à une nouvelle forme d’inégalités entre les pays dans le domaine de l’environnement. En effet, tous les États ne sont pas assujettis aux mêmes risques et ne sont pas dotés de capacités équivalentes pour y répondre. La coopération internationale est plus que jamais un espoir pour faire face aux conséquences de plus en plus graves du réchauffement climatique. 


Crédit Photo : Samuel Bolongo. CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons


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