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Haïti : instabilité politique et violence armée

Dernière mise à jour : 1 nov. 2024




Par Soraïna Roumain


La population haïtienne traverse actuellement une période difficile alors qu’elle se trouve basculée dans une crise politique sans fin depuis la mort de son dernier président, Jovenel Moïse, en juillet 2021. Plus encore, les difficultés socio-économiques que rencontrent le pays, ainsi que la hausse de la violence, orchestrée par les gangs, ne font qu’exacerber la situation.


La situation politique depuis le décès de Jovenel Moïse


Suite à la mort de l’ex-président, c’est Ariel Henry, neurochirurgien de formation et Premier ministre désigné par Moïse, qui prend en charge la position de figure d’autorité du pays, en attendant l’organisation de nouvelles élections. Cependant, l'État d’Haïti ne semblait pas s’améliorer sous sa direction. Le plus gros problème fut son laxisme. En conséquence, son terme fut marqué par une absence de réel leadership et un manque de prise en charge des difficultés persistantes et grandissantes dans la société haïtienne. Suivant l’assassinat du président, alors que la population est ébranlée par ce tragique événement et exige des réponses, complots et conspirations émergent de tous les côtés, et jusqu’à ce jour, les enquêtes semblent peu concluantes ou sont du moins insatisfaisantes. Plus encore, les revendications de la population à propos des difficultés économiques, sociales et politiques du pays ne font qu’augmenter. Parmi tout cela, surgit un plus gros problème encore, qui a même fini par mener à la résignation du Premier ministre par intérim.


Violence armée et problème de gangstérisme


Haïti n’est pas étrangère à ce genre de violences, mais dans les dernières années, il semble y avoir une montée de recours à ce genre de méthodes non orthodoxes, et de même qu’une solidification du pouvoir détenu par les gangs. Alors que des experts estiment l’existence de multiples gangs actifs dans le pays, 2 grands groupes président. La G-Pèp et le G-9. Le second, dont le leader est Jimmy Cherizier, un ancien chef de police, a réussi à prendre le contrôle de ports et de routes importantes dans la capitale, Port-au-Prince, et contrôlent essentiellement une grande partie de la ville, monopolisant le fonctionnement des activités quotidiennes et terrorisant la population. Au début du mois de mars, le gouvernement fut même forcé de déclencher un état d’urgence de 72 hrs après l’évasion de milliers de prisonniers dans deux des plus grands pénitenciers du pays, facilitée par des attaques armées orchestrées par les gangs. Cette évasion a provoqué un chaos inattendu, plus spécifiquement à Port-au-Prince et plusieurs institutions gouvernementales se sont vues assaillies. Tout cela alors que le Premier ministre, M. Henry, se trouvait au Kenya en pleine négociation afin d’autoriser de l’aide internationale telle que le soutien de troupes kényanes aux forces de police haïtiennes surchargées et en manque de ressources. Alors qu’il tentait de retourner en Haïti, il se vit forcé d’atterrir à Puerto Rico, car l’aéroport international principal, Toussaint Louverture, fut assiégés, sans surprise par les gangs. Ceux-ci revendiquent depuis bien longtemps la résignation du présent dirigeant, évoquant être insatisfaits de sa performance. C’est ainsi que le 11 mars dernier, le Premier ministre par intérim a abandonné ses fonctions. 

L’aide internationale pour Haïti

Lors du voyage diplomatique qu’a entrepris Henry au Kenya, les deux pays avaient signé un accord permettant le déploiement de 1 000 officiers sur le sol antillais afin de tenter de maîtriser la situation. Cependant, Cherizier, leader du G-9 s’est fortement opposé à toute forme d’intervention étrangère au pays. « Si l’armée ou la police kényane vient, ou tout autre, je les considérerai comme des agresseurs. Nous les considérerons comme des envahisseurs et nous n’aurons pas à collaborer avec des envahisseurs venus contredire notre indépendance ». Ainsi, depuis la démission de Ariel Henry, le Kenya a ordonné la suspension temporaire de son déploiement. Plus encore, la CARICOM, l’organisation intergouvernementale des pays caribéens dont fait partie Haïti, s’est dernièrement réunie afin de discuter du futur du pays qui se trouve maintenant sans figure d’autorité officielle. En présence de divers acteurs haïtiens — dont l’identité n’a pas été dévoilée — incluant des membres de partis politiques, de la communauté religieuse, des acteurs du secteur privé et plus encore, la mise en place d’un conseil présidentiel transitionnel fût décidée.


Un futur incertain…


Haïti est actuellement sans président et en attente de la mise en place du fameux conseil transitionnel. Entre-temps, les gangs continuent de semer la terreur sur une population livrée à elle-même et qui tente de faire sa propre justice du mieux qu’elle peut, alors que les forces de la paix manquent de support et de ressources pour gérer la situation efficacement. L’intervention kényane est en suspens, mais le Canada a déployé, il y a quelques jours, des troupes en Jamaïque afin d’aider à l’entraînement des forces de la CARICOM dans l’éventualité d’une mission multinationale en Haïti, approuvée par le Conseil de Sécurité de l’ONU en octobre dernier. Malheureusement, le bilan de l’aide internationale apportée à Haïti au fil du temps n’est pas convaincant. Entre les abus de pouvoir, le détournement de ressources, de l’ingérence malveillante et plus encore, toujours au détriment de la population. On ne peut espérer que le meilleur pour le futur de cette île tropicale, en attente des prochaines élections démocratiques, que réclame la population. 


Crédit Photo: The Globe and Mail


Sources :




 

© 2021 Le Polémique

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