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De l’Arabie heureuse à la guerre civile sans fin



Photo: AFP/Mohammed Huwais



PAR MARGOT COUDON


Anciennement surnommée l’Arabie heureuse, le Yémen est à présent témoin de conflits importants. Il s’agit de la crise humanitaire la plus importante depuis la création de l’ONU selon cette dernière. Pour comprendre comment le Yémen est entré dans un conflit interne qui semble sans fin, il faut retracer son histoire et tenter de comprendre comment les différentes influences internationales ont joué un rôle central dans l'avènement d'une guerre atroce au pays .


Contexte géographique


Berceau de la péninsule arabique, le Yémen se situe à un endroit stratégique. Ces pays voisins sont aussi bien au Moyen-Orient avec l’Arabie Saoudite et Oman, qu’en Afrique avec l'Erythrée, la Somalie et Djibouti. Avec ce dernier, il partage les frontières délimitant le détroit de Bab-el-Mandeb, lieu stratégique dans le commerce maritime reliant l’Asie à l’Europe. Le Yémen est composé de deux grandes régions distinctes : le Nord, connu pour ses montagnes et abritant la capitale actuelle, Sana’a; et le Sud, composé principalement de côtes et accueillant de nombreux ports comme Aden, lieu stratégique pour le bon développement économique du pays.


Contexte historique


La séparation du Nord et du Sud est aussi bien provoquée par des différences géographiques, comme expliqué plutôt, que par un contexte politique et religieux. La démographie est plus importante au Nord qu’au Sud, notamment dû aux meilleures conditions météorologiques qui permettent un meilleur développement du commerce. Cela crée un déséquilibre des forces entre ces deux régions, permettant donc au Nord d'imposer plus facilement certaines idées dans le pays. Il faut également noter que le Nord est de majorité chiite, a contrario du Sud, où la prépondérance du courant chaféite y est observée, cette dernière foi étant issue du plus grand courant sunnite. Le Nord connaît son indépendance en 1962 et le Sud en 1967 : naissent alors respectivement la République arabe du Yémen et la République démocratique populaire du Yémen. D’influences politiques différentes, les deux pays cohabitent ensemble, mais cela ne dure pas. La réunification est un sujet évoqué mais l’Arabie saoudite, qui garde des relations privilégiées avec la République arabe du Yémen, y est opposée. Une guerre éclate donc entre les deux parties, faisant près de 200 000 morts selon les experts. Cependant, le 22 mai 1990, les deux pays sont unifiés pour n’en former qu’un : le Yémen. Un conflit politique éclate alors avec l’Arabie Saoudite au sujet des frontières. En 2000, un traité de paix est signé confirmant alors les frontières.


La guerre civile


En 2011, les printemps arabes éclatent et le Yémen n’est pas mis à part. La rébellion oblige le président yéménite Ali Abdallah Saleh à fuir vers l’Arabie Saoudite le 4 juin 2011. Avec la fuite de l’ancien président, un nouveau gouvernement est mis en place, ravivant les esprits communautaires de chacun. Ainsi en 2014, les Houthistes, vivants au Nord, s’allient avec les soutiens de l’ancien président et prennent le pouvoir à Sana’a, suite à la prise de Saada. C’est le début de la guerre civile. Les Houthistes prennent alors le contrôle du pays en affrontant l’armée.



La question internationale


La question yéménite n’est pas seulement limitée à son territoire comme nous avons pu le constater. En effet, si la guerre civile continue de perdurer dans le pays, c’est en partie dû à l’ingérence des grandes puissances régionales comme l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et l’Iran, ou du moins en apparence. La coalition internationale a pris une place importante dans ce conflit : sans cette coalition, le conflit ne serait plus d’actualité. Cette coalition a été mise en place par l’Arabie Saoudite et est composée de la Turquie, du Maroc, de l’Égypte, du Soudan, de la Jordanie, du Qatar, du Bahreïn, des Émirats Arabes Unis et du Pakistan. Le Moyen-Orient est le berceau de la religion musulmane et de nombreux pays voient leur régime politique suivre des règles musulmanes. L’Iran voit dans le conflit yéménite la possibilité de créer un croissant chiite, branche minoritaire de l’islam, avec le Liban, la Syrie et l’Irak. D’autres États, comme les Émirats arabes unis, y voient le moyen de s’implanter dans le golfe d’Aden, aussi bien pour le commerce que pour le côté militaire. Les grandes puissances mondiales ont elles aussi fait preuve d’ingérence, comme les États- Unis ou les différents pays européens. Cependant, ce sont eux qui fournissent aussi une grande partie de l’armement de la coalition agissant dans le conflit yéménite. Il est vrai qu’actuellement, de nombreux acteurs se posent des questions sur le rôle de ces puissances dans la guerre et sur le fait qu’elles sont en partie responsables du fait que ce conflit perdure. Des révélations sur le rôle de l’armement français vendu à l’Arabie Saoudite montrent le potentiel rôle que la France a pu entretenir dans le conflit yéménite.


Et actuellement ?


Sur les 30 millions de yéménites, 22 millions souffrent de famine et nombreux d’entre eux subissent la guerre civile au quotidien en voyant leur vie détruite. Certains enfants n’ont connu que cette situation, et l’aide internationale maintient en vie plus de la moitié de la population. Près de 330 000 morts sont estimés selon l’ONU, dont 11 000 enfants morts et blessés depuis le début du conflit. La situation au Yémen est plus que critique et l’aide internationale est indispensable pour la survie de la population. Cependant, ce conflit reste méconnu de la société civile internationale. Le manque d’exploitation du sujet par les médias, souvent occidentaux, ne permet pas de mobiliser l’opinion publique.

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