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Crise politique en Bolivie

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Par Adrien Ulysse


Crédit photo : laizquierdadiario.com


La Bolivie traverse en ce moment une crise politique, qui voit s’opposer deux anciens alliés devenus rivaux, l’ex-président Evo Morales, et l’actuel président Luis Arce. Les deux hommes politiques du MAS - Mouvement vers le socialisme - sont engagés dans une lutte pour le pouvoir qui paralyse le pays et cause le chaos.


Contexte 


Evo Morales vient d’une famille d’agriculteurs indigènes du département d’Oruro, sur le plateau andin bolivien. À 19 ans, il part travailler dans les cultures de coca de la province de Chapare. Face aux injustices dont il est victime, il décide de s’impliquer dans la lutte syndicaliste et finit par fonder le MAS en 1997. Après un mandat à la chambre des députés de Bolivie, il devient candidat à la présidentielle mais subit un dur échec en 2002, avant de se représenter et gagner en 2006. 


Durant ses 14 ans au pouvoir, Evo Morales mène la Bolivie dans un « miracle économique », une période où le pays connaît une forte croissance économique et une redistribution judicieuse de la richesse. En 2019, après une tentative de réélection jugée frauduleuse, Evo Morales est forcé de démissionner, et la Bolivie plonge dans une crise politique. Finalement, le 18 octobre 2020, Luis Arce, l’ancien ministre de l’Économie de Morales au sein du MAS, est élu président de la Bolivie, mettant fin à la crise politique. 


Le nouveau président, vu comme un des architectes du fameux « miracle économique », a été le ministre de l’Économie de Morales durant ses trois mandats. Mis au-devant de la scène par ce dernier, il a gagné l’élection à 53% des voix, grâce à sa réputation d’homme pragmatique capable de ramener la stabilité à la Bolivie, après plus d’un an de crise politique.


 Accusations 


En 2020, entre la démission de Morales et l’élection de Arce, le ministère de la Justice du gouvernement intérimaire a déposé une plainte contre Evo Morales, l’accusant de violences sexuelles. La plainte fait référence à des actes qui auraient eu lieu en 2015. Selon les procureurs, l’ancien président aurait eu des relations sexuelles non consenties avec une mineure au moment des faits, et aurait eu une fille avec elle. L’affaire a été classée sans suite.


Récemment, ces accusations ont refait surface. Un mandat d’arrêt contre Morales a été émis par la procureure Sandra Gutierrez, puis retiré car les faits reprochés n’étaient pas spécifiés. Le 4 octobre dernier, Evo Morales a répondu à ces accusations en les qualifiant de persécution judiciaire de la part du gouvernement de Luis Arce, et en rappelant qu’elles n’ont abouti à rien. 


Lutte de pouvoir


La relation entre Luis Arce et Evo Morales a commencé à se détériorer lorsque Morales a annoncé, en septembre dernier, vouloir être le candidat du MAS aux élections présidentielles de 2025. Cependant, Morales fait face à une interdiction de se représenter en 2025 venant de la Cour constitutionnelle de Bolivie, qui a annulé la disposition qui avait permis sa candidature en 2019. Luis Arce, qui souhaite également se représenter sous la bannière du MAS, se trouve donc en compétition directe avec lui. Ceci a provoqué la scission du MAS, qui se retrouve divisé entre l’aile « evista », soutenant Morales, et l’aile « arcista », soutenant Arce. Les deux hommes se sont engagés dans une lutte ouverte pour le pouvoir, avec d’un côté l’armée bolivienne, fidèle à Arce, et de l’autre les supporteurs de Morales.


C’est dans ce contexte où les tensions montent rapidement que des affrontements armés ont eu lieu entre les deux camps. Ainsi, le 1er novembre, un groupe armé de sympathisants de Morales a capturé une base militaire près de la ville de Cochabamba, faisant plus de 200 otages et volant des armes et des munitions. Le 27 octobre, une vidéo a été publiée sur les médias sociaux dans laquelle on peut voir Evo Morales se mettre à l’abri de tirs, qui ont touché la voiture dans laquelle il voyageait. L’ancien président a blâmé le gouvernement actuel pour cette tentative d’assassinat. Arce a répondu en affirmant que ce sont les hommes de Morales qui ont tiré sur une patrouille de la police anti-narcotique, provoquant une réplique de celle-ci.


Situation économique


À ce contexte de violence politique s’ajoute une situation économique déplorable, majoritairement causée par des barrages qui visent les routes principales du pays. En effet, des manifestants soutenant Morales bloquent actuellement plusieurs routes importantes, et réclament que celui-ci puisse participer aux élections. Cette situation a de lourdes conséquences sur l’économie bolivienne, comme l’aggravation de la pénurie de carburant et la montée des prix des denrées alimentaires. Le 30 octobre, Luis Arce a demandé la levée des barrages routiers qui, d’après ses propos, étranglent l’économie et ont coûté au pays 1,7 milliards de dollars jusqu’à présent.


Dans ce climat de profonde incertitude, ce qui est sûr, c’est que de grands défis s’annoncent pour la classe politique bolivienne dans les prochaines années. S’ils veulent revenir aux années de croissance stable que la Bolivie a connu dans les années 2010, ses prochains leaders devront réunifier un pays fortement polarisé, et renforcer sa démocratie ainsi que ses institutions.



Sources :















 

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