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Conflit israélo-palestinien : Quid de l’Ukraine ?

Dernière mise à jour : 3 nov. 2023

Par : Justin Reynier


Cela faisait plus d’un an que tous les yeux du monde géopolitique et médiatique étaient braqués sur le conflit russo-ukrainien, enjeu majeur de positionnement international pour les puissance militaires mondiales. Mais, depuis ce 7 octobre, toute l’attention est désormais tournée vers le Moyen-Orient où le conflit armé entre le Hamas et l’État d’Israël s’est enflammé à la suite d’une attaque du groupe terroriste sur son voisin. L’historique amenant ces événements, la crainte d’une escalade toujours plus violente du conflit et son importance capitale sur la zone géopolitique de premier plan qu’est le Moyen-Orient expliquent en partie le grand intérêt porté par la communauté internationale à la situation. L’espace médiatique et politique, qui avant été pris par les discussions sur l’agression russe en Ukraine semble avoir vite été conquis par les débats, analyses, enquêtes et polémiques sur la question israélo-palestinienne. Nous analyserons ici quelques-uns des impacts d’un tel changement sur la guerre russo-ukrainienne.


Prises de position et accroissement de la polarisation :


Fin février 2022, la Russie déployait ses forces militaires sur le sol ukrainien et déclarait ainsi la guerre à un pays massivement soutenu par les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis. En ce temps-là, la dénonciation et la condamnation des crimes de guerre russes étaient automatiques, naturelles pour l’Occident. Cet émoi pour la situation des Ukrainiens a grandement participé à la participation active de ces États dans l’aide militaire octroyée contre la Russie à l’Ukraine. Nombreux ont alors été ceux qui ont comparé la « politique d’occupation suffocante » (pour reprendre les mots du secrétaire général des Nations Unies) qu’Israël mène en Palestine depuis plus de soixante ans et la récente invasion par l’armée russe de l’est de l’Ukraine. Notamment du point de vue du droit international, par exemple, qui fut violé de manière semblable et décomplexé dans les deux conflits, faisant naître un bon nombre d’inquiétudes légitimes quant à l’ampleur des nouveaux conflits armés. Mais ces comparaisons ont également vite été récupérées politiquement par les blocs occidentaux et russes, les premiers dénonçant l’attaque du Hamas sur Israël en la comparant à l’attaque russe en Ukraine, agissant dans ce sens en soutenant Israël et en légitimant ses attaques lourdes sur Gaza. Les seconds critiquant l’hypocrisie occidentale qui s’insurge contre les actions russes en Ukraine, mais qui ne remet pas en question la politique colonisatrice israélienne sur la Palestine. Ce nouveau conflit renforce donc la polarisation internationale déjà très importante et continue de cristalliser les débats comme cela a pu être constaté au conseil de sécurité de l’ONU. C’est effectivement ce que l’on a pu observer lorsque les résolutions chinoises et russes furent

rejetées par les USA et quand les résolutions américaines furent rejetées par la Russie.


Inquiétudes ukrainiennes :


L’Ukraine, et notamment son président Zelensky, ont un fort intérêt à rester au centre de l’attention internationale pour la suite de la guerre contre la Russie. En effet, cette attention leur a permis de dénoncer les attaques russes sur tous les continents et de recevoir une importante aide financière et militaire de la communauté internationale. Pour garder une place sur la scène médiatique, l’Ukraine a donc intérêt à remporter militairement des points clés ces prochains mois, car il lui serait dévastateur de se faire lentement affaiblir, abattre, par la Russie alors que le monde regarde ailleurs. Le président ukrainien s’efforce également de continuer à faire parler de la situation de son pays en se servant des événements récents. Il a par exemple accusé la Russie de soutenir les opérations du Hamas. Cette démarche vise à aligner la position ukrainienne sur celle des Occidentaux, qui condamnent fermement les attaques du 7 octobre. Zelensky a même demandé à se rendre en Israël, une requête qui lui a été refusée. On peut imaginer que Kiev craint que l’aide dont elle bénéficie actuellement ne soit redirigée vers le Moyen-Orient, ce qui fragiliserait grandement sa

position dans le conflit qui la concerne.


Le conflit israélo-palestinien va-t-il avoir raison du sort de l’Ukraine face à la Russie ? Il est impossible de l’affirmer et même si, de fait, l’attention globale se porte aujourd’hui plus sur le Moyen-Orient, il est important de noter que les puissances occidentales détiennent toujours de forts intérêts à freiner la Russie dans son offensive vers l’Ouest. Alors même si ce nouveau rebondissement géopolitique

commence déjà et va continuer à impacter les relations internationales à tous les niveaux, son importance reste pour l’instant assez limitée pour ne pas faire totalement disparaître les autres préoccupations des différentes forces internationales actives. Il sera cependant important d’étudier attentivement les suites de ce conflit et les liens que l’on pourra continuer de faire avec d’autres événements, car comme nous l’avons vu, la course à l’influence internationale détient le don d’ubiquité et n’est pas prêt de s’arrêter.


Crédit photo : GPO


Sources :



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