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Par Julianne Bilodeau
Le dépôt du budget 2024 par le ministre des Finances, Éric Girard, le 12 mars dernier a soulevé plusieurs réactions. En effet, pour l’année 2024-2025, le budget enregistre un déficit de 11 milliards de $, un montant beaucoup plus élevé que prévu. Selon le gouvernement, ce déficit serait entre autres dû au ralentissement économique créé par un fort problème des niveaux d’eau chez Hydro-Québec, qui aurait fait perdre près de 1 milliard au gouvernement, ainsi qu’au coût de la bureaucratie qui aurait bondi dans les dernières années. Les restructurations des systèmes de santé et d’éducation demanderaient aussi de forts investissements.
Un déficit record ?
Ce déficit, perçu comme étant un record dans l’histoire du Québec, doit être relativisé. En effet, bien que le déficit représente un montant significatif, lorsqu’il est comparé au PIB, il n'en représente que 1,5 %. Dans les dernières décennies, les déficits ont pu atteindre 3,1 % et 3,3 % pour les gouvernements du PLQ ainsi que 1,7 %, 3,8 % et 4,7 % pour les gouvernements du PQ. Ainsi, le Premier ministre François Legault rappelle l’importance d’évaluer l’ampleur du déficit sur la base du PIB et de l’inflation et non seulement en valeur absolue.
Des mesures critiquées
Afin de réduire les dépenses et d’augmenter les revenus de l’État, Éric Girard et son équipe planifient de réduire entre autres l’aide fiscale attribuée aux entreprises, de mener une plus forte lutte contre les crimes économiques et fiscaux, d’éliminer certains crédits d’impôts offerts aux entreprises et aux travailleurs, l’augmentation d’une taxe de 2$ sur les produits de tabacs et bien d’autres. Ces initiatives permettraient, selon le ministre des Finances, l’atteinte d’un équilibre budgétaire pour 2029-2030, au plus tard. Le gouvernement Legault tentera aussi de supprimer plusieurs emplois chez les fonctionnaires, mais il s’agit d’une mesure fortement critiquée, car elle représente non seulement une perte d’emploi pour des milliers d’individus, mais aussi une perte directe dans l’efficacité et le nombre de services offerts par l’État.
De plus, à la suite du dépôt du budget, les partis d’opposition en ont profité pour soulever les erreurs et décisions de la CAQ qui ont creusé le déficit économique du Québec. Parmi celles-ci, on peut retrouver des dépenses d’environ 59 millions de dollars reliées aux études du 3e lien, 4,4 millions de dollars avec l’augmentation de 30 % du salaire des députés, 7 millions de dollars pour la partie de hockey des Kings à Québec et une baisse des revenus de près de 600 millions liée aux baisses d’impôts des contribuables.
Au final, reste à voir si le gouvernement réussira à réduire le déficit québécois d’ici aux prochaines élections et si les mesures mises en place permettront à ce dernier d’investir plus massivement dans des secteurs considérés comme « oubliés », notamment le secteur de la culture et du logement.
Crédit photo : Ontsunan (Adobe Stock)
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