Complexer le corps des femmes : un outil indispensable pour les élites
- Le Polémique
- 1 févr. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 nov. 2024

Par Bianca Lara-Maletto
En 2022, la valeur de l’industrie de la mode tournait autour de 1,7 mille milliards de dollars, et les projections annoncent une expansion de 1,96 % d’ici 2027. Cet argent, dont très peu toucheront, n’est nul autre que le résultat du travail « ardu » des PDG (président.e-directeur.rice général) et de leurs partenaires. Deux stratégies fondamentales contribuent au remplissage de leurs poches : la création de complexes physiques et mentaux, et la surexploitation des corps. Les personnes exponentiellement ciblées sont malheureusement les femmes, devenant alors des produits et des consommatrices en un seul souffle. En 2024, peut-être serait-il temps de laisser ces techniques de vente misogynes et néolibérales derrière nous, et de tenter de mettre fin aux mécanismes perpétuant l’oppression des femmes.
Qui dit nouvelle année, dit nouveaux défis pour les consommateur.rice.s ! Magasiner, s’entraîner à la salle de sport, produire, voilà les recommandations habituelles pour commencer l’année en force. La productivité n’est plus qu’un simple acte applaudi au travail : elle est aujourd’hui valorisée en tout temps et dans toutes les sphères de la société. Malheureusement, ces habitudes de vie entretiennent l’idée de surconsommer pour s’accomplir et s’épanouir. Le désir de consommer ne se limite plus aux besoins nécessaires d’une personne, mais à un véritable détachement de soi.
Actuellement, environ 60 % des travailleur.euse.s dans l’industrie de l’habillement sont des femmes. La plupart d’entre elles sont exposées à de mauvaises conditions de travail et sont surexploitées par leurs employeurs. Si les employé.es au bas de l’échelle sont pour la plupart des femmes, les PDG sont en grande majorité des hommes. Et, encore une fois, les profits des compagnies d’habillement ne seront pas accessibles à celles qui ont produit les biens vendus au monde.
Au-delà de surexploiter les travailleuses, les capitalistes ont pris de nombreuses mesures pour comprendre les mécanismes de consommation des femmes. À partir de ces recherches de comportements sociaux, les compagnies ont créé diverses identités dites « féminines » afin de toucher le plus de consommatrices possible. Ainsi, la « soft girl », la « nerdy girl » ou encore la « clean girl » sont des exemples d’une catégorisation des identités de femmes, en les relayant à leurs activités consommatrices. En peur constante de n’appartenir à aucun groupe, celles-ci se forcent à rentrer dans un cadre : celui du male gaze.
Elles investissent dans leur corps, analysent constamment leurs actions, et régularisent leurs comportements minutieusement. Le regard de l’autre devient le leur et inversement. Le travail de la femme devient alors constant, et son corps reste au profit du capitalisme, encore dominé par l’homme. L’individualisme que cause le néolibéralisme force ainsi les femmes à tenter de se rattacher à un groupe quelconque, les forçant à se renouveler continuellement.
Que ces femmes soient travailleuses ou consommatrices, elles demeurent des produits indispensables aux compagnies de maquillage ou de fashion. Pour l’année 2024, il serait intéressant de se donner le défi de moins consommer, mais il faudrait aussi penser au-delà du consommateur.rice. Celleux qui influencent le plus les tendances sont les producteur.rice.s, et de les questionner est certainement un pas vers une libération du corps de la femme.
Crédit Photo : What’s on in Halifax
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